February 24, 2011
Fesses XXL : origines d’un fantasme
Depuis la mort d’une jeune fille de 20 ans décédée des suites d’une injection de silicone dans les fesses, les chirurgiens mettent en garde la population contre les risques liés à ces pratiques. Mais, à propos, pourquoi les femmes souhaitent-elles les épaissir ?
Une première réponse consisterait à analyser l’influence des personnalités à l’origine de ce regain de popularité (Jennifer Lopez, Beyonce Knowles, Kim Kardashian, entre autres) sur l’apparence féminine idéale. Le besoin de se conformer aux tendances esthétiques dominantes est souvent une raison suffisante pour solliciter le scalpel ou l’implant. De plus, l’adaptation permettra sans doute à la jeune fille d’être préférée à d’autres dans certains domaines où la courbe s’avère un atout.
R&B et Hip-Hop
Les milieux R&B et Hip-Hop avaient ouvert la voie à l’époque. Leur faible pour la particularité physique se manifestait par une alimentation constante de fessiers extra-larges dans les clips de promo entraînant ainsi une plus grande visibilité du phénomène et, sans doute, de nouvelles vocations.
Depuis lors, la mode a dépassé les frontières et le nombre d’opérations chirurgicales a dangereusement augmenté ces dernières années. Selon les chiffres de l’association américaine de chirurgie plastique, 5000 interventions de ce type ont été effectuées légalement en 2009.
Il est par contre difficile d’évaluer le nombre de traitements illégaux mais les récents incidents tendent à confirmer l’expansion du phénomène.
L’apport de J-Lo
Spécialisé dans le domaine, le Dr Constantino Mendieta ne sous-estime pas l’importance qu’a pu avoir Jennifer Lopez à l’époque. “Elle a démontré combien les rondeurs pouvaient être élégantes. Elle n’a pas été la première a attirer l’attention sur cette partie du corps mais elle a sans doute décadenassé un tabou, en quelque sorte”.
Les demandes d’opérations ont subi une croissance vertigineuse ces dix dernières années. Le prix (entre 9000 et 14.000 euros) constitue toutefois un frein aux ambitions de certaines personnes qui se tournent alors vers le réseau illégal, plus accessible mais plus dangereux aussi.
Historique
Les augmentations artificielles du relief postérieur ne datent pas d’hier. Au XIXe siècle déjà, les femmes avaient communément recours à la crinoline puis, plus tard, à la tournure pour souligner leur élégance. En même temps, à l’autre bout du monde, les rondeurs “exotiques” étaient tournées en ridicule comme le démontre l’exemple édifiant de la célèbre Vénus hottentote. Cette jeune Sud-Africaine a été, au temps des colonies, enlevée à sa région natale pour être exhibée aux quatre coins de l’Europe afin de justifier les thèses raciales et discriminatoires de l’époque. “Vénus noire”, le film du réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche, s’inspire de sa vie.
Aujourd’hui, l’opération semble jouir d’un succès probant auprès des communautés afro-américaines, hispaniques et transgenres. Cependant, les idées associées aux particularités du physique féminin varient selon les cultures. “Un corps plantureux est signe de bonne santé et de fertilité ou… de pauvreté selon l’endroit où l’on se trouve sur Terre. Au XIXe siècle, les courbes prononcées étaient assimilées à des capacités intellectuelles réduites et aux moeurs légères”, affirme Myra Mendible, professeur d’anglais à l’université Florida Gulf Coast et auteure du livre “From Bananas to Buttocks”, une étude du corps féminin latino-américain et de son exploitation au cinéma et dans la culture populaire.
A.F.
Original article: http://www.7sur7.be/7s7/fr/1522/Societe/article/detail/1221315/2011/02/11/Fesses-XXL-origines-d-un-fantasme.dhtml